vendredi 4 novembre 2011

Untitled (Tarte)


Il existe sur les protubérances frontales de la lune, des coulées de jaspes et d'émeraudes qui, taillés par le plus esthète des orfèvres, offraient richesses et gloire à chaque créature qui s'en approchait. L'extraction, difficile, se refusait à la plupart. Les lingots d'or échappaient à l'imagination en laissant place aux larmes des avides et aux souvenirs heureux de l'aventure.

Une jeune fille du nom d'Ambre


Dans l'infinité des reflets qu'offraient la pierre, semblable à de l'or coulé, pouvaient se deviner les remous de petites rancœurs et les entailles de la honte. Ambre à la peau pâle et aux yeux avides de connaissances n'était pourtant pas un être sali. Juste une jeune dont les lèvres fines et rouges gardaient l'emprunte de chaque pincement d'amertume, comme d'une marque au fer rouge. Chaque partie de son être conservait le plus infime mouvement qu'elle eut fait, et l'ensemble de ces informations remplissait les pages blanches de la bibliothèque de son inconscience. Dans les prés, son corps jeune, chauffé par le soleil se laissait aller à rouler dans l'herbe sèche et haute, sa jupe remontant, dévoilant sa culotte blanche de gamine qui refuse la vie d'adulte. Que sont les adultes? Des enveloppes désincarnées, sans âme, cervelle ou cœur. Sans même de cruauté. Qui peut désirer se rabattre sur une existence fantôme? Elle est pourtant si âprement désirée par tant de monde, drôle de voie salvatrice. Rester dans l'enfance, prendre Peter Pan par la main et voler plus vite que lui vers l'étoile la plus brillante du ciel.

Ambre pouvait plonger son index dans le bocal des poissons puis se toucher la surf ace vitreuse de l’œil. Elle descendait ensuite le long de son visage, dessinant le chemin des larmes, celui qui n’était pas emprunté. IL faut trouver des astuces quand on est un enfant vide pour réussir à pleurer. De ses petites mains, un jour elle prit un de ces poissons si communs aux écailles rouges et orangées, brillantes, pointues, langues de feu au milieu des larmes d'eau. Qui dirait cela en parlant des poissons rouges? Personne. Mais tant qu'elle était là pour imaginer qu'ils étaient la chaleur des océans, qu'elle importance? La bulle translucide et irisée qu'elle pouvait voir quand elle était seule, elle lui sublimait son univers.


Une poignée actionnée, une porte s'ouvrant, agissaient comme la boite de pandore et avec le courant d'air, laissaient entrer le monde responsable et inutile du vrai âge de raison. Ainsi, l'ennui et tout autres maux si particuliers à l'humanité détruisaient le miracle savonneux. Moue triste alors, alourdissant le poids des souvenirs portés par les frêles épaules. Ses yeux s'ouvraient sur un monde qui vivait sans elle. La marginalisation lui convenait bien. Le cauchemar, les tourbillons de complications venaient lors d'un retour à cette réalité qui n'était pas sienne. Une main d'enfant tirant sur sa jupe , l'attitude qu'elle qualifiait mentalement d'abjecte des professeurs aux voies criardes dont la capacité d'adaptation sociale lui paraissait équivalente à celle d'une huître, sans perle bien sur.